Qui est le Sauvage ?

Je viens de passer un séjour très agréable en République Dominicaine. Plage de sable blanc, les cocotiers et toute la panoplie du touriste moderne.

A Santo Domingo, sur la place central de la zone coloniale c’est la statue de Christophe Colon qui a attiré mon attention. Une statue de bronze. De bronze pour immortaliser l’immortel. Cet Italien mandaté par l’Espagne. Un homme des lumières, un esprit ouvert. Il est aujourd’hui le symbole du plus grand des génocides, un homme funeste pour la plupart des Latino américains. Entre sa vision de découverte et aujourd’hui, d’autres hommes aux vues plus courtes sont rentrés en action. Ainsi les guerres et les pillages du continent se sont multipliés…

Au pied même du piédestal de la statue du grand homme Colon, une autre statue en bronze également, comme une partie hors champs de l’hommage de métal : c’est une Amérindienne avec sa plume de bronze dans ses cheveux. Un hors champs très original pour une oeuvre classique de la sorte. La jeune fille est représenté marquant d’un pinceau le nom de Colon sur la plaque du piédestal.

Il y aurait beaucoup de chose à dire dans ces temps où l’on brûle les statues pour leurs charges symboliques d’oppression. Je pense aux statues de Cabral ou de Borba Gato au Brésil. Mais mieux vaut ne pas rentrer dans ce débat d’actualité brulant. Il est toutefois important d’essayer de se figurer le poids de l’Histoire en tout lieu.

Je me suis alors penché sur l’histoire de cette île, qui est en fait double car elle contient deux pays de langue et de culture différente. Haïti et la République Dominicaine. L’Histoire commence très mal du moins depuis l’arrivée des Espagnols: Génocides, esclavage, guerres, massacres, dictatures…

Assez pour regarder les cocotiers sous une autre lumière. L’eau turquoise à soudain des reflets plus sombres. J’avais lu un livre il y quelques années dont j’ai oublié le nom. Ce livre est un classique pourtant, les connaisseurs de la période sauront tout de suite de quel livre il s’agit, il fait parti des premiers écrits d’explorateurs ou du moins c’est le récit d’un mercenaire allemand. Il servait pour les espagnols au Brésil. Il est fait prisonnier par les Amérindiens qui pratiquent le cannibalisme. Par chance il échappe a la casserole et partage la vie des cannibales pendant plusieurs années. Ces témoignages sont impressionnant et très précieux pour les ethnologues et historiens. Il en ressort que la situation de ces peuples est une guerre de vendetta perpétuel, où les prisonniers sont mangés par vengeance. Parfois même, selon les tribus, mangé vivant.

Je repense à la vision des peuples premiers qu’avaient les philosophes des lumières comme Rousseau avec son « bon sauvage ». Cette vision est dépeinte dans le film 1492 « La Conquête du Paradis » qui conte l’aventure de Christophe Colon joué par Gérard Depardieu. Celui-ci est émerveillé par les gens qu’il découvre. Il les voit vraiment comme des habitants du paradis innocents de tous les pêchers de la civilisation. Mais après la lecture de ce livre sur les conditions de vie impitoyables des premiers peuples l’Amérique, mon impression à changé du tout au tout, en effet les fantasmes de paradis sur terre sont vraiment naïfs de la part des civilisés. Finalement les habitants du nouveau monde ne sont pas si différents des conquistadors Européens. Ces derniers ont juste une conception différente de la guerre qui considère aussi l’ennemi comme une entité à éliminer totalement et non pas uniquement comme objet de rapine et de butin. D’ailleurs, lors de la Controverse de Valladolid au XVI éme siècle, grâce à Bartolome de las Casas, l’Eglise avait reconnu que les indiens étaient des créatures humaines dignes des mêmes droits et considération que les colonisateurs… drôle d’époque où l’ethnocentrisme et le racisme étaient bien plus qu’aujourd’hui intégrés par défaut dans le système.

Hé oui! humain et bien humain, dans la bonté comme dans la cruauté. Voilà au moins un point commun à tous les peuples, qu’ils soient mangés ou mangeurs, conquis ou conquérants, vainqueurs ou vaincus…

Mon inspiration me mène souvent du cotés de ces diverses pensées de voyages.

Voici en cliquant ici un personnage hybrides arborant les atours de plusieurs peuples antagonistes évoquant mes propos :

https://www.raffu.art/oeuvres/p/napolon-damazonie

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