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Les Anges de la Favela

Le petit texte qui suit est une présentation pour le livre « l’Ange de la Favela » que je publierai, si tout se déroule bien, en Septembre prochain :

Avant d’arriver au Brésil, je peignais et collais dans les rues en France et à Berlin des angelots lourdement armés, Chérubins arborant Kalashnikov, revolver ou lance-flamme avec un grand sourire. Ces petits personnages  me paraissaient représenter parfaitement l’esprit du monde moderne.

L’ange de la Favela est né lors du Festival Meeting of Favela 2017. Fidèle aux personnages que j’avais déjà peint en France et à Berlin, je m’apprêtais à peindre un ange aux traits afro et armé d’une Kalashnikov… en plein milieu d’une favela.

Toutefois j’avais une certaine réticence. Je pressentais bien que ce genre de second degré n’était pas de mise ici, sans parler du problème de la sustentation des armes et l’ identification des jeunes à l’image de puissance que celles-ci procurent. Il fallait absolument que je fasse évoluer ce personnage, et vite, car le lendemain le mur que je devais peindre m’attendait.

J’ai  donc pensé, qui est donc vraiment ce petit ange? Qu’est-ce qu’il veut me dire à l’oreille que je ne veux pas écouter? Car je suis de nature têtu et j’exige la discipline dans toute cette petite armée de personnages qui surgissent de mon imagination. Mais cette fois-ci, le besoin de remise en question se faisait pressant.

Alors en bas à gauche, juste sous la poche de ma chemise où je garde mon crayon j’entendis remuer, une petite voix chuchota, d’un air plaintif  et intense comme un enfant qui demande quelque chose d’important à un adulte, et en tendant l’oreille j’ai pu entendre les mots suivants :

« Je veux être un super héros, Je veux être un super héros ! »

- Soit mon petit, je te donnerais une boule de feu comme dans ces mangas Japonais!

Et voilà, j’étais soulagé, mon problème d’arme à feu était résolu.

Le lendemain je peignais le premier Ange de la Favela, dans la Vila Operaria de Duque de Caxias à Rio, manipulant sa boule de feu d’un air conquérant…

Et puis l’ange évolua, il grandit, il revêtit la camisa 10 , joua au foot, fit voler un cerf volant, acquit de nouveaux superpouvoirs, devint adolescent. Mais il garda toujours le regard haut, car quand on vit dans la favela il faut toujours garder le regard rivé au ciel, cultiver la lumière et ne jamais la perdre…

Voici un de ces anges de la Favela avec ces ailles bigarrées,

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