RAFFU

View Original

« Vanity Case » La Malle aux Vanités

Devant la mort quel est la réponse? Si il arrive que notre regard plonge dans cette perspective, Il semble que le vide qui s’impose à ce moment soit comme une question impérative. Une question impossible à laisser de coté. On se retrouve comme l’enfant réprimandé par la voix puissante d’un adulte, il suspendra soudain son souffle.

Les regards que l’humanité a porté sur cette altercation avec l’au delà dans l’histoire sont intéressants. Depuis les Égyptiens avec leurs pyramides, véritables flèches pointant vers le ciel, les romains et les grecques qui glissaient l’obole sous la langue des morts pour payer le passage du styx, viking, celtes, mayas ou Aztèques (qui portaient un véritable culte à la mort), et depuis les hommes préhistoriques, tous disposaient armes et possessions aux cotés du défunt dans la tombe. Il est clair que la mort signifie le départ pour un voyage. Une continuation de ce qui à été commencé ici bas.

Sur les oeuvres d’art et de la pensée de jadis il est bon de jeter un œil. La posture des philosophes grecques par exemple, leur positions philosophiques étaient assurément campé à l’aune de ce que la perspective de la mort leur inspiraient. Qu’ils aient été stoïciens, épicuriens, Platoniciens ou autres, il est certain que leurs enseignements ne se sont construit qu’après avoir questionné l’idée de la mort à partir de laquelle tout détails est validé. En philosophie il est difficile de penser sans la mort. Elle est d’ailleurs le point de fuite où toute pensée se mesure, sans lequel celle-ci ne serait que divagations hors sol.

Dans la peinture à travers les âges, la représentation d’un crâne est appelé une vanité. Pour nous rappeler que toute chose est mortelle et vaine, qu’investir et donner de l’importance aux choses périssables n’est que pure perte.

Hamlet, Le grand classique du théâtre par excellence nous a donné l’image de cet homme pensif devant un crâne. « Être ou ne pas être ? Tel est la question » Une question universelle qui traverse cultures et temps.

La grandeur de cette question peut nous frapper en ce qu’aujourd’hui tout un chacun peut en faire l’expérience. Cela nous reli à tous les humains de notre planète ainsi qu’à tous les humains qui la peuplèrent en tout temps. Ce que cela réveil serait presque un sentiment d’appartenance, à quelque chose de supérieur, qui serait au delà de la personne.

Je pense à notre monde actuel et sa société de consommation. Le culte de la personnalité à travers les plaisirs et l’encensement des choses périssables. Une vanité incarnée en définitive. Une philosophie de société à l’opposée de la sagesse historique de l’humanité. Où cela peut-il nous mener ?

Dans le roman de Houellebecq « Les Particules Elémentaires » l’écrivain décrit un monde qui est le paroxysme de cette société de consommation ou les hommes qui subsistent dans le future ont trouvé l’immortalité et vivent dans un confort standardisé. Le revers est qu’ils ne se rencontrent jamais et vivent dans une solitude immuable. Cette perspective de solitude donne au roman toute sa force de malaise qui vire à l’angoisse lorsque au fur et à mesure des pages l’imagination se figure ce monde sans espoir. C’est à la lecture de ce livre que j’ai réellement compris l’impasse de cette société de consommation. Comme une caricature qui mets le doigt sur certains traits pour les révéler, effectivement la solitude, la séparation du tout, le manque de sens sont les résultats les plus nocifs de ce monde post-moderne.

C’est en cultivant d’autres valeurs que celles qui nous sont suggérées avec une grande habileté par un système en roue libre, véritable robot destructeur construit par nous, pour nous, que nous allons échapper à notre propre piège suicidaire. Bizarrement cette valeur à cultiver pourrait être la mort. Ou entendons nous bien : la contemplation de la mort. Car en elle réside l’antidote ultime du poison que nous consommons au quotidien.

Regardons ensemble la mort dans les yeux : https://www.raffu.art/oeuvres/p/to-be-or-not-to-be-1